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vendredi 18 novembre 2011

Comme un coquelicot


Enfant, j'étais très attirée par ces multitudes de coquelicots qui poussent dans les fossés, au printemps. Corolle si fragile, calice éclatant, trésors délicats et provocants. La fleur est là, elle se languit le long du pré, elle nous attend. J'en voulais une qui soit à moi, rien qu'à moi, juste pour moi. Maman disait, ne la cueille pas ! Elle est si bien ici, sur le bord du chemin. Prends-la et dans une heure, il n'en restera rien.

Mais pour une petite fille, c'était trop difficile, elle était tellement belle. Le moyen, s'il vous plaît, d'y résister ? Évidemment, je la cueillais ! Pour en sertir la boutonnière de mon gilet, pour la piquer dans mes cheveux, ou simplement pour la garder. Mais fatalement, une heure plus tard, il était tout fané, le joli coquelicot que j'avais ramassé. Je n'avais plus en mains qu'une fleur laide et fripée, aux pétales noircis et recroquevillés. Plus rien de la jolie fleur sauvage, qui m'avait fait pourtant d'intrépides œillades, je n'avais pas rêvé, lors de mon passage.

Oui, là, un peu plus tôt, sur son tapis d'émeraude, elle semblait appeler, chercher à me séduire, me charmer. Mais j'eusse tellement mieux fait de la laisser tranquille : joyau offert à tous n'appartient à personne, sinon à ses parents le soleil et la pluie.

Librement adapté d'après moi-même, mai 2007

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